Dans le cadre de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, nous, membres de l'Institut de diplomatie et d'économie (instituDE), exprimons notre solidarité avec les victimes de la torture ou d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Rappelant que toute personne est née libre et égale en dignité et en droits, et nous opposant à toute violation de cette dignité, affirmons notre engagement à lutter pour un monde sans de telles violations.
Bien que le droit international l'interdise absolument, la torture continue d'être pratiquée dans le monde entier, soit dans des cas isolés, soit de manière systématique, par le biais de différentes formes. Les actes de torture peuvent viser tout le monde, aussi bien les hommes que les femmes et les enfants. Elle constitue un crime inexcusable dont chaque auteur doit être poursuivi, justement et proportionnellement pénalisé.
La Turquie fait malheureusement partie des pays encore hantés par la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Les rapports de divers organismes internationaux tels qu'Amnesty International, Human Rights Watch, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) et le Département d'État américain le prouvent : la pratique de la torture est devenue systématique et répandue en Turquie ces dernières années. Ce sont principalement les membres du mouvement Gülen et les Kurdes qui ont été victimes de la torture. De même, il est arrivé que des femmes enceintes, des étudiants, des personnes âgées et des malades subissent des tortures et des mauvais traitements.
Le cas de nos anciens collègues qui ont été mis en garde à vue en mai 2019 en est un exemple primordial. Au moins cinq anciens diplomates turcs ont été soumis à des tortures physiques et psychologiques, y compris des viols avec une matraque, selon le Barreau d'Ankara. Alors que les incidents de torture sont soulevés par des organismes internationaux et des militants des droits de l'homme, malheureusement aucune enquête n’a été dument menée. Les autorités turques continuent de nier les cas de torture même bien documentés et de les étouffer, ce qui encourage davantage les auteurs de ces actes.
De ce fait, en ce jour particulier, nous demandons instamment au gouvernement turc de respecter ses obligations découlant de la Constitution et des traités internationaux, en particulier la Convention européenne des droits de l'homme, la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitement inhumains ou dégradants, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Par ailleurs, il nous semble de notre devoir de rappeler au gouvernement turc que la torture est un crime contre l'humanité imprescriptible qui déclencherait une compétence universelle pour toute personne impliquée en tant qu'incitateur, instigateur ou complice.
Nous appelons les autorités turques à s'abstenir, à prévenir et à enquêter efficacement sur toute forme de torture et de traitement cruel, inhumain ou dégradant. Il est également essentiel que les organismes internationaux tels que le Comité des Nations unies contre la torture, le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitement inhumain ou dégradant et les organisations internationales de défense des droits de l'homme restent vigilants face aux cas de torture et de mauvais traitements en Turquie et continuent à suivre de près ces cas.